dimanche 30 janvier 2011

La vie très privée de Mr. Sim, Jonathan Coe, Gallimard


Ce roman de la rentrée de janvier 2011 est à placer au rang des curiosités à ne pas manquer.
Ciblé sur le banal quadragénaire dépressif qu’est Maxwell Sim, ce roman psychologique se divise en chapitres comprenant chacun un récit intercalé – lettres, nouvelle, étude universitaire – qui joue un rôle prépondérant dans l’évolution de la santé mentale de notre narrateur.
De même, des rencontres inattendues, de celles qui modifient notre vision du monde, vont totalement bouleverser le quotidien de notre vendeur de brosses à dents.
Des questions se posent à répétition : Max est-il si seul quand il est suivi par les satellites via GPS ? Est-il vraiment entouré par 70 amis Facebook ? Notre vie nous appartient-elle ? Qui décide, nous ou les autres ?
Une fin très étonnante (on aime ou pas : c’est comme ça) achève ce récit vraiment intéressant au style très maitrisé (la narration de la course navale en solitaire par Cleaver est exquise).
Mieux que La pluie, avant qu’elle tombe, selon moi, un vrai régal, assortiment de pralines.

Une enfance australienne, Sonya Hartnett, J’ai lu


Adrian, neuf ans, est élevé par sa grand-mère, sa mère étant incapable de l’élever et son père ayant « mieux à faire ». Une grand-mère qui sature, alors que l’enfant est plus que sage.
Timide, surtout, maladivement. Et donc prêt à tout pour quiconque accepte de lui accorder de l’attention. Même à retrouver les enfants disparus là où ils ne sont pas.
La psychologie de l’enfance est très bien relatée dans ce roman. Par contre, est-ce un effet de traduction, le style n’est pas phénoménal, trop concis. Et puis les dernières pages…. Bien douloureuses.
J’ai apprécié, malgré tout. Sans exagération. Un chocolat au lait, avec une note un peu amère.

samedi 1 janvier 2011

La délicatesse, David Foenkinos, Gallimard


Toujours Foenkinos, toujours mieux. La délicatesse appartient désormais au podium de mes lectures.
Une histoire, des histoires d’amour, de rencontres. Et envie de souligner des passages merveilleux à chaque page. Lisez plutôt. En parler ne sert à rien.

« Ils s’assirent. Il y avait cet émerveillement réel entre eux, celui du plaisir physique. Quelque chose qui était le merveilleux des contes, des instants volés à la perfection. Des minutes que l’on grave dans sa mémoire au moment même où on les vit. Des secondes qui sont notre future nostalgie. »

Et puis cet extrait tiré de La Marelle (Cortázar), qui est un ravissement, si délicatement posé à l’endroit parfait de l’histoire :
« Je touche tes lèvres, je touche d'un doigt le bord de tes lèvres, je dessine ta bouche comme si elle naissait de ma main, comme si elle s'entrouvrait pour la première fois, et il me suffit de fermer les yeux pour tout défaire et tout recommencer, je fais naître chaque fois la bouche que je désire, la bouche que ma main choisit et qu'elle dessine sur ton visage, une bouche choisie entre toutes, choisie par moi avec une souveraine liberté pour la dessiner de ma main sur ton visage et qui, par un hasard que je ne cherche pas à comprendre, coïncide exactement avec ta bouche qui sourit sous la bouche que ma main te dessine. »

D’une grande finesse, exquis, raffiné. Belle année…