mercredi 24 octobre 2012

Comme Dieu le veut, Niccolo Ammaniti

Histoire d'un pré-ado de 12 ans qui vit avec son père alcoolique et pas bien riche, mais qui l'aime plus que tout malgré les coups qu'il lui donne. Sa mère étant décédée, notre ado n'a pour seule famille que ce père à qui il obéit -même pour des tâches vraiment ingrates- et les deux meilleurs amis de celui-ci, deux paumés de service. Le jour où les trois "adultes" décident de faire un casse pour gagner de l'argent et se barrer de leur trou perdu au fin fond de l'Italie, le ciel s'en mêle: pluie, orage, tempête, mais aussi le bon Dieu sur qui tout repose (belle façon de se déculpabiliser). Et à cause du bon Dieu, des événements qu'on sait d'avance peu folichons tournent à la catastrophe générale. Bon roman dans lequel on est vite plongé et qui donne le frisson... c'est atroce et pourtant tellement humain! Belle lecture!

dimanche 21 octobre 2012

Coups de coeur des derniers mois

Ca fait un bail que je n'ai plus rien posté par pure fainéantise. L'envie me reprend enfin de parler de lectures... l'approche de la reprise du travail??? Comme je ne saurais faire des billets complets sur les livres lus il y a plusieurs mois, je me contente de mentionner ceux que j'ai aimés: Mrs Dalloway, Virginia Woolf: l'envie de me remettre aux "classiques" m'a menée à ce roman que j'ai vraiment beaucoup aimé. La psychologie, bien sûr, la finesse d'écriture... ravie d'avoir pris la peine de le lire! Les heures, Michaël Cunningham: j'ai eu envie de le lire à la suite de V. Woolf et j'ai également adoré, pour la psychologie des personnages, le parrallélisme entre ces trois femmes dont la vie change en une journée. L'adaptation cinématographique est aussi très réussie! Tout ce que nous aurions pû être toi et moi si nous n'étions pas toi et moi, A. Espinosa: un titre à rallonge pour une courte histoire aux accents futuristes. On se trouve dans un monde où l'on peut décider de ne plus dormir, ce qui permet de profiter davantage de la vie (mais empêche de rêver, aïe!)Le protagonsiste est demandé par la police secrète car un homme venu d'ailleurs a été trouvé. Or le héros a le pouvoir de lire dans le cerveau des gens leurs 10 meilleurs et pires souvenirs. Il pourra donc dire d'où vient cet inconnu, s'il est bel et bien un extraterrestre ou non. Des réflexions qui ne sont pas dénuées d'intérêt, une histoire d'amour et une petite course contre la montre plus tard, on est content de la lecture... Fuck America, E. Hilsenrath: déboires et déboires d'un Juif émigré à NY après la guerre (hélas!). Excellent roman, drôle et cynique, tout ce que j'aime. Seul dans le noir, Paul Auster: Premier roman que je lis du célebrissime américain. Il y est question d'un écrivain qui, tout en nous racontant des bribes de sa vie, écrit un roman. Les deux s'emmêlent et se démêlent harmonieusement. Vivant dans le Vermont, le narrateur passe par NY et le Massachusetts... et j'ai lu ce roman entre le Vermont, NY et le Massachusetts... parfaite symbiose! j'ai aimé le style, la psychologie... et l'auteur que j'ai eu l'occasion de voir lors d'une rencontre littéraire à Cambridge (drôle face au public, moins pour les signatures. Il me faudra relire du P. Auster puisque j'ai acheté un autre de ses bouquins pour avoir une dédicace :)) Jack Rosenblum rêve en anglais, N. Solomons: JR est un Juif émigré à Londres qui a décidé de devenir plus anglais que les Anglais. Il tente donc de respecter les "140 conseils pour devenir un bon Anglais"... il y parvient presque, trébuchant seulement sur un point: être inscrit dans un club de golf. En effet, personne ne veut d'un Juif dans un club select. Puisque c'est ainsi, il construira son propre ground! A la fois très drôle et très touchant, c'est selon moi un excellent roman aux accents judéo-british. Sourires de loup, Zadie Smith: j'avais déjà lu De la beauté, apprécié. J'ai peut-être plus apprécié ce roman-ci, qui se déroule à Londres au sein de deux familles anglo-afro-indiennes abracadabrantes. Des personnages très hauts en couleurs et des situations cocasses qui, de drôles, deviennent hélas "too much" sur la fin. Et d'une bonne impression, le roman tend à devenir agaçant. Mais pour les 3 premiers quarts, il vaut le coup!!! (même impression après lecture de La beauté: inégal) Mémoires d'une jeune fille rangée, S. de Beauvoir: excellent roman, particulièrement la première partie qui couvre l'enfance de l'auteur. Un régal qui n'est pas sans nous rappeler nos bons souvenirs à nous, dans toute leur candeur! Une plume riche, intelligente et pourtant simple! De bien belles réflexions... j'ai adoré (on devrait plus souvent lire des classiques) J'ai lu des romans russes: La steppe, de Tchekhov et..... Anna Karénine de Tolstoï (faut-il le dire?) J'ai aimé les deux... Je découvre cette littérature et je pense y retourner. Quelle finesse! D'autres titres que j'ai aimés sans qu'ils me laissent une empreinte indélébile: Des cailloux dans le ventre de Jon Bauer Stoner de John Williams Le coeur régulier d'Olivier Adam (le premier que je lis de lui: un peu "trop français" à mon goût et trop déprimant, mais pas mal tout de même)

vendredi 16 mars 2012

Olive Kitteridge, Elizabeth Strout, éd. Ecritures


Qui est Olive Kitteridge? Une habitante de Crosby (Maine), une épouse, une mère, une enseignante, une voisine,... Une femme à différentes étapes de sa vie, vue à travers les yeux de différentes personnes, avec toute sa complexité, ses qualités, ses défauts.

13 nouvelles, 13 époques, 13 personnes qui ont cotoyé Olive(de près ou de loin) donnent à ce roman polyphonique une allure très variable. Des chapitres prenants, d'autres beaucoup moins. Mais dans les histoires de la ribambelle de personnages que nous croisons (l'époux Henry, le fils Christopher, l'élève, la voisine,...), des constantes: les coups du sort, les désillusions, les regrets, les espoirs, les craintes, l'amour,... sont toujours présentes.

Et ce sont ces aspects qui donnent de la puissance au roman, de même que la fine analyse psychologique des personnages. Il ne faut pas lire ce roman pour la trame narrative, mais pour la vision d'E. Strout sur ce monde de gens banals, nous. Avec pour conclusion que "la jeunesse se rend bien peu compte".

Bref, je me suis parfois ennuyée, mais je ne peux pas réellement parler négativement de ce roman (qui a reçu le Pulitzer) parce que j'aime la vision complexe et réaliste que l'auteur porte sur notre condition.

lundi 12 mars 2012

Ciné

Quelques coups de coeur cinématographiques récemment. Vive les bibliothèques US, où on loue livres et DVD gratuitement, entièrement gratuitement! Qui plus est, le choix de DVD est grand et regorge de films indépendants!

Vu et beaucoup aimé:

Tous les soleils
Departures
La fille sur le pont
La faute à Fidel
Biutiful
In a better world

(et au passage...vu et détesté: mange, prie, aime... Un vrai navet!!)

samedi 10 mars 2012

La mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé, Babel


Après "Ouragan", "Le soleil des Scorta" et "Eldorado", je me suis plongée cette fois dans "La mort du roi Tsongor", du même auteur.

Sans surprise j'ai retrouvé le goût plus que prononcé de Gaudé pour le tragique. Il est ici porté à son paroxysme, dans ce récit que l'on comparera inévitablement à la mythologie gréco-romaine: nous sommes en plein Sophocle transposé dans une autre région (l'Afrique): 7 collines, l'oracle, deux frères qui s'opposent à la mort du père, le siège d'une ville, une fille bien-aimée que l'on se dispute...
La langue, les dialogues presque théâtraux, tout cela est dans la même veine, et s'achève inéluctablement de manière ... tragique.

Pas un mauvais roman, il tient très bien la route, mais tout de même un peu too much à mon goût. C'est pesant, cette atmosphère! Et si on ne se prenait pas au sérieux?

mercredi 7 mars 2012

Le récital des anges, Tracy Chevalier, Folio


Maude et Lavinia, deux petites Londoniennes, se rencontrent le jour du décès de la reine Victoria dans le cimetière qui abrite leurs ancêtres. De ce jour naît une amitié profonde, qui s'accentue lorqu'elles deviennent voisines. Un voisinage qui ne plapit pas forcément à leurs mères, dont les valeurs sont loin de s'entendre. Alors que Kitty Coleman prône la liberté de pensée, Gertrude Waterhouse est absolument conservatrice.
L'amitié des deux fillettes n'est pourtant pas affectée par ces tensions ... jusqu'au jour où la mère Maude croise le chemin des sufragettes et trouve enfin une cause qui lui permet de s'exprimer et de s'épanouir. C'est ce jour que le sort des deux familles bascule...

L'histoire est racontée via des points de vue multiples: les mères, les pères, la bonne, la grand-mère, le fils du fossyeur, et bien sûr les deux filles. Diversité de points de vue et de langue, donc, qui enrichissent l'histoire; Le "personnage" central est pourtant tout autre: le cimetière est le vrai ciment de ce roman, lieu de rencontre, de tristesses ou de confidences. Un lieu qui nous dit que peu importe le mode de pensée choisi, on finit tous au même endroit...

Un roman sur la cause des femmes du début du XXème siècle, sur le mode de vie d'une époque, sur l'amitié, les choix, la mort. Il devrait avoir tout pour plaire, et pourtant, Le récital des anges m'a semblé parfois léger dans la manière de traiter le sujet, et parfois malhabile dans le traitement des points de vue (concernant le langage des fille,s par exemple). Lecture plaisante, mais moins que les autres romans de Tracy Chevalier précdemment lus (préférence pour La dame à la licorne, L'innocence et La jeune fille à la perle)

lundi 5 mars 2012

Testament à l'anglaise, Jonathan Coe, Folio


Michael Owen, écrivain en panne d'inspiration, se voit proposer un contrat alléchant pour écrire l'histoire de la famille Winshaw. Par ce biais, le voilà plongé dans les méandres d'une famille très puissante du Royaume Uni, famille dont chaque membre est plus avare et plus mauvais que le précédent. L'influence qu'ont ces Henry, Mark, Roddy et autres Hillary ou Dorothy s'infiltrant dans les sphère politique, militaire, médiatique, sociale, artistique du pays, le récit est donc, plus qu'une histoire familiale, une histoire du Royaume-Uni après la seconde guerre mondiale.

Coe présente le tout comme à son habitude, par des points de vue narratifs variés et une chronologie non linéaire, insérant des extraits de journaux intimes, de journaux, de dialogues de films... Le tout s'achevant par une vraie énigme policière, ambiance glauque et assassinats à l'appui.

Bref, j'admire à nouveau le talent de Coe, son style, son art d'entremêler les éléments, tout en conservant une structure. Toutefois, quelques passages un peu ennuyeux/longs à mon goût. J'avais préféré ses autres romans, mais ça reste une excellente lecture (lire: La vie très privée de Mr Sim, qui va bientôt paraître en poche)

mardi 14 février 2012

Mystic River, Dennis Lehane, Payot-Rivages


Jimmy Markum, Dave Boyle et Sean Devine ont grandi ensemble dans les rues de Boston. Alors âgé de 11 ans, Dave se fait enlever par un inconnu sous les yeux de ses amis. S'il revient 4 jours plus tard, leur amitié ne résiste pas à un tel événement et leurs chemins se séparèrent...
Jusqu'au jour où une nouvelle tragédie rapproche les trois hommes: Katie, la fille de Jimmy, est assassinée. Sean, devenu policier, est affecté à l'enquête. Et si Dave Boyle jouait un rôle aussi dans cette histoire?

Dennis Lehane est bostonien et est également l'auteur de Shutter Island, que j'avais beaucoup apprécié. Déjà deux bons points. Les références à une ville que je connais n'étaient pourtant que la cerise sur le gâteau: en effet, l'intrigue est très bonne, la psychologie des personnages excellente. C'est d'ailleurs l'élément essentiel de ce roman noir, le meilleur de ces pages.
Je recommande vraiment si on aime ce genre de récit! ... et je regarderai le film pour comparer, bien sûr, maintenant que j'ai lu le livre!

Journal, Hélène Berr


"Beaucoup de gens se rendront-ils compte de ce que cela aura été que d'avoir vingt ans dans cette effroyable tourmente, l'âge où l'on est prêt à accueillir la beauté de la vie? (...) Se rendront-ils compte du mérite (...) qu'il y aura eu à conserver un jugement impartial et une douceur de coeur à travers ce cauchemar? Je crois que nous sommes un peu plus près de la vertu que beaucoup d'autres"

Ainsi s'exprime Hélène Berr dans les années 42-43, elle qui vit à Paris et adore Paris, elle qui était amoureuse, qui suivait consciencieusement des cours d'anglais à la Sorbonne, elle qui avait des projets... et la conscience qu'elle ne pourrait peut-être pas les mener à bien.
Ce journal n'est pas un récit de plus sur la deuxième guerre. C'est le journal d'une jeune fille (en fleur, oui) qui vit un présent angoissant et rempli d'incertitudes, avec pourtant des moments merveilleux dont "je me souviendrai toujours", dit-elle. Des plages d'insouciance bienvenues dans cette vie qui dénombre au fil des jours les gens qui sont "partis".
Le tout avec une plume souvent jolie, qui varie selon l'humeur, le temps consacré à l'écriture,... ce journal vit, malgré les morts.

"Des morts, qu'est-ce que c'est? C'est mettre fin à des vies pleines de promesse, de sève à des vies intérieures bourdonnantes et intenses (...) C'est tuer une âme en même temps qu'un corps, alors que les assassins ne voient qu'un corps".

dimanche 5 février 2012

Inversion de l'idiotie (de l'influence de deux Polonais), David Foenkinos


Pour continuer la série des Foenkinos (presque tous lus à présent), je viens de lire son premier roman...

Une histoire un peu loufoque d'un Polonais simplet, Conrad, qui entre dans la vie du narrateur. Celui-ci vient de se séparer de sa copine (après lui avoir offert une boîte de sardines millésimée pour son annif, voulant être original) et souhaite la récupérer. Il en est certain, l'adorable Conrad, son sourire magnifique, sa bonté sans fin, pourra tout arranger.
L'ennui, c'est que Conrad, c'est comme la drogue: une fois qu'on le connaît, on ne peut plus s'en passer. Tous ceux qui passent par là en font l'expérience, à commencer par la copine en question... Suivent des situations surréalistes, entrent des personnages hauts en couleurs (notamment les deux Polonais)... un peu trop loufoque à mon goût (et pourtant j'aime le loufoque, cf JM Erre) Mais là, ce n'était pas encore franchement abouti et donc... très bof!

mercredi 1 février 2012

Un petit jeu

Vu sur un blog, je reprends ce petit jeu qui ne sertà rien sinon à perdre son temps... Il s'agit de répondre aux questions par un titre de livre lu en 2011. Certaines réponses sont très chouettes je trouve! On n'y aurait pas songé!

* Décris-toi : La fille du Marais
* Comment te sens-tu ? Au rebond
* Décris là où tu vis actuellement : Dans le terrier du lapin blanc
* Si tu pouvais aller n'importe où, où irais-tu ? Dans les forêts de Sibérie
* Ton/ta meilleur(e) ami(e) est : Lucy Gayheart
* Toi et tes amis, vous êtes : Les âmes sœurs
* Comment est le temps ? L’ombre du vent
* Ton moment préféré de la journée : Ma nuit d’amour
* Ton animal préféré : Morte la bête
* Ton moyen de transport préféré : Les chaussures italiennes
* Ta passion : La vie très privée de Mr Sim
* Le défaut qui t’horripile le plus : Ce qui a dévoré nos cœurs
* Le métier qui te fait rêver : Bouddha de banlieue
* Ton histoire d’amour : L’histoire de l’amour
* Qu'est-ce que la vie pour toi ? Un coup à prendre
* Ta peur : Les souvenirs
* Quel est le meilleur conseil que tu as à donner ? Ne t’inquiète pas pour moi
* Pensée du jour : Entre Dieu et moi, c’est fini !
* Comment aimerais-tu mourir ? Enterrez-moi sous le carrelage
* La condition actuelle de ton âme : J’envie ceux qui sont dans ton cœur
* Ton rêve le plus cher : Vivre encore un peu
* Le mot de la fin: C’est ici que l’on se quitte

lundi 30 janvier 2012

Ne le dis à personne, Harlan Coben


Un classique parmi les thriller que je n'avais ni lu ni vu. J'y ai remédié. Un vrai "page turner" (?) comme pressenti, on veut juste connaître au plus vite la suite de l'aventure, plutôt bien ficelée. Le style est correct... ça se lit agréablement!

David Beck vit dans la tristesse depuis 8 ans, depuis que son épouse a été assassinée dans des circonstances étranges. Pourtant, un jour, le passé semble refaire surface quand il reçoit un e-mail qui lui montre une vidéo sur laquelle apparaît Elizabeth, en vie. Canular?

Divers rebondissements rythment le roman, jusqu'à la dernière page... à ne pas lire avant la fin, bien sûr. Un bon (et rapide) moment de lecture!

samedi 28 janvier 2012

Winter, Rick Bass


Le narrateur (= l'auteur) et son épouse, alors jeunes mariés, décident de quitter leur Texas natal pour aller vivre "à l'ouest, dans le nord". Ils s'installent ainsi en septembre à Yaak, dans le Montana. Dans une maison isolée de tous, d'autant plus isolée en plein hiver, lors des tempêtes de neige et des grands froids (-30 degrés). Apprenant un nouveau rythme de vie, l'homme se redécouvre, ses nécessités changent, ses plaisirs aussi. Au rythme de la coupe du bois et des soirées au bistrot le plus proche où se réunissent tous les habitants de la vallée, Bass apprend la nature et l'homme.

Un peu dans la veine de "Dans les forêts de Sibérie", ce roman donne envie de s'isoler, de retrouver les valeurs fondamentales, mais n'égale pas la langue et les réflexion du roman de Sylvain Tesson. Très adapté à la période, toutefois, agréable et intéressant.

lundi 23 janvier 2012

En avant, route!, Alix de Saint-André


Alix de Saint-André raconte son expérience en matière de pélerinage de Compostelle. De son baptême du feu qui lui valut bien des surprises à son ultime expérience, plus sage et pourtant toujours aussi surprenante.
L'intérêt de ce roman est avant tout l'humour avec lequel l'auteur partage ses souvenirs et la franchise avec laquelle elle évoque le chemin.
Ce qu'on retient, c'est que, loin d'un chemin de méditation, la route vers Saint-Jacques est surtout un lieu de rencontres et de partage... plus ou moins agréables. C'est que ce parcours est long et douloureux, et qu'il ne répond pas forcément à nos questions initiales, mais apporte pourtant son lot de sagesses et de connaissances auxquelles on ne s'attendait pas forcément. C'est aussi un lieu où tout le monde est sur un pied d'égalité, tout le monde est "pauvre" et pélerin.

J'ai apprécié - et cela me donne envie d'un jour faire ce pélerinage - l'idée que les pélerins se retrouvent finalement comme des enfants: le rapport au temps y est le même qu'en enfance (on se réjouit de, mais le temps prend son temps). "vous avez la montre, moi j'ai le temps" est-il écrit.
Bref, pas un roman inoubliable mais un sympathique voyage, drôle et sprirituel. On s'y croirait!

jeudi 19 janvier 2012

Train de nuit pour Lisbonne, Pascal Mercier


Voici un livre que l'on ne dévore pas, c'est un roman pour lequel il faut prendre le temps (j'allais dire "le train"), un roman qui se déploye doucement et dont il faut savourer les pages (de même pour "Dans les forêts de Sibérie").Gregorius est professeur de langues anciennes à Berne, confortablement installé dans la monotonie de ses journée. Un jour bouleverse cependant tous ses acquis, et après lecture de quelques lignes d'un livre trouvé dans une librairie d'occasion, il décide sur un coup de tête de partir sur les traces de l'auteur de ces lignes qui le bouleversent.

Plongée dès lors dans le monde d'Amadeu de Prado à Lisbonne, grâce aux témoignages de ses proches qui lui ont survécu, et surtout par l'intermédiaire des lignes qu'il avait écrites... ces lignes sont magistrales! Certes, il n'est pas toujours aisé de suivre les raisonnements pointus d'Amadeu, mais quelle richesse! Et quel mode de pensée original! On a tout à en tirer, à l'instar de Gregorius qui, en plus d'aller à la rencontre du Potugais, va à sa propre rencontre...

Des personnages sympathiques (et très enclins à la confidence) donnent du relief à l'histoire, et bien que quelques invraisemblances apparaissent, on s'en fiche: c'est là tout l'intérêt, d'accepter les absurdités de nos vies! La vie qui "n'est pas ce que nous vivons, mais ce que nous nous imaginons vivre".

Très belle lecture!!!! (et j'apprends qu'un film va être tourné cette année sur base de ce roman, avec notamment Mélanie Laurent. A suivre... heureusement qu'il y a des livres, sinon nous n'aurions plus de films!)

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine De Vigan


De Vigan raconte la vie de sa mère, que l'on voit, magnifique, sur la couverture du livre. Elle la raconte pour tenter de mieux la comprendre ou la cerner, cette maman qui s'est suicidée après des années d'un mal appelé "bipolarité".
La première partie du récit s'attarde sur l'enfance de la splendide Lucile (elle posa pour de nombreuses publicités) et de sa famille nombreuse. Une grande tribu que l'on adore, mais que n'épargnent pas les malheurs...
Des malheurs qui, au fil du temps, vont s'aggravant. Et alors que Lucile a mis au monde deux filles, dont Delphine, elle échappe à la raison et se perd dans les méandres d'une forme de folie. Le mélange d'amour, de fascination et de "rancune" vis-à-vis de sa maman se ressentent très bien dans le roman que l'auteur parsème de réflexions personnelles au fur et à mesure de son écriture.

Une écriture fine, sans lourdeur, et surtout cette évidence que les visages que l'on croise cachent des esoprits bien complexes et bien éloignés des idées que l'on s'en fait. C'est un roman qui passe de la bonne humeur à la gravité, en passant par la nostalgie et la difficulté de vivre, avec soi et avec les autres...
C'est très beau! On est content de le voir en tête des ventes, celui-là.

mardi 17 janvier 2012

Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson


Un bijou, une merveille! Sylvain Tesson est u aventurier moderne et relève divers défis depuis quelques années. Dans "les forêts de Sibérie", il raconte cette expérience de 6 mois passés dans une cabane au bord du lac Baïkal, de février à juillet. SOus forme de jourbal intime, nous découvrons son quotidien, forcépent peu trépidant, mais rempli des réflexions que lui inspire cette nature grandiloquente. L'homme, la nature, leurs rapports, la société moderne, l'amour, la solitude, la vie en communauté, la lecture, la contemplation, autants de sujets abordés au fil des jours dans ce carnet de bord.
Un style magnifique, à la fois simple et travaillé, accompagne merveilleusement ces pensées... ce livre se déguste lentement, mais vraiment, il se savoure!

Cyanure, Camilla Läckberg


Pour Noël, une jolie présentation cartonnée d'un petit opus de Camilla Läckberg est paru. J'ai d'abord été emballée par cette intrigue en huis-clos: un policier va rejoindre sa copine pour un week-end familial dans une maison située sur une petite île suédoise. Mais alors que le grand-père se met à questionner sa famille sur leurs échecs et défauts, dans une ambiance on ne peut plus malsaine, il meurt.
Le "petit ami", pour sa première entrée dans la famille, va se mettre à jouer les Sherlock pour découvrir le meurtrier... sauf que ce type est loin d'être talentueux, au contraire (il est en fait archi nul dans son boulot), et puis le dénouement est tout à fait décevant!

Bref, ça présentait bien, ça commençait bien... ne pas se fier aux apparences!

Le soleil des Scorta, Laurent Gaudé


J'avais lu Ouragan et Eldorado avec un immense plaisir, c'est donc déjà séduite que j'ouvrais ce roman (et en plus en Babel, j'adore!)
Dans l'Italie du début des années 1900, dans un petit village qui dort sous un soleil de plomb, va naître la lignée des Scorta, dès le départ vouée à la malédiction, puisqu'engendrée du viol et du péché. Le temps va ainsi faire ses oeuvres en mettant au monde des enfants qui n'ont d'autre choix que la solidarité fraternelle et la force de caractère pour affronter les "qu'en dira-t-on" meurtriers des villageois et conserver leurs secrets les plus douloureux.

Gaudé maîtrise l'art du tragique. Avec finesse, dans une langue savoureuse et puissante, il est un Sophocle moderne. On ne rit pas avec lui, c'est évident, mais quel talent! Quelle langue impeccable, quel envoûtement. Donc oui, j'ai aimé, et pourtant moins peut-être qu'Ouragan (l'effet du "premier"?)

Un prix Goncourt 2004 mérité!

Mangez-moi, Agnès Desarthe


Myriam décide d'ouvrir un restaurant. Ce qu'on sait d'elle, c'est qu'elle a vécu des événements douloureux et qu'elle part de rien. Pas d'argent, juste une motivation un peu folle d'avoir son propre resto, puisque la cuisine est sa passion.
Grâce à son obstination (toutefois secondée par des phases de découragement) et à des rencontres, son projet va se fortifier, de même que cette dame qui peu à peu se livre, et se délivre de son passé.

Le roman se lit agréablement, mais le personnage me déplaisait assez au départ, puis on s'attache tpout de même... probablement un effet désiré? Les amateurs de cuisine y trouveront leur compte dans l'étalage des recettes... pour ma part, l'anti-cuisinière par excellence, l'éloge des salades ne m'a pas passionnée... J'ai lu, je sais que ça peut être apprécié, bien plus que je ne l'ai fait - pure affinité personnelle.

lundi 16 janvier 2012

Grâce et dénuement, Alice Ferney


Une famille de gitans a planté ses caravanes en France, et vit au jour le jour, avec les moyens du bord et aidées par le vol. Des enfants, qui pullulent, des maris, qui ne font rien de leur temps, des femmes, qui sont toujours de corvée, et la grand-mère, la sagesse qui règne sur son petit monde, entre bon sens et rentre dedans.
Un jour arrive une bibliothécaire idéaliste, qui décide de venir chaque mercredi lire des histoires aux enfants, pour leur permettre un accès à la culture. Peu à peu, en même temps que son combat prend de l'ampleur (elle tente de scolariser les enfants les plus âgés), un lien se crée avec les gitans, et les confidences suivent...
Un beau roman qui ne laisse pas le mièvre ou les gros bons sentiments s'étaler, puisque la vie est là, et parfois son contraire. Très beau, lumineux! Comme ce titre parfait.

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, Mathias Enard


Le Goncourt des Lycéens 2010 se trouvait dans une librairie d'occasion à Boston! Je n'ai pas résisté!
Les quelques mois que Michel Ange a passé à Istambul sont racontés dans une langue magnifique par Mathias Enard. D'ailleurs, c'est pour moi l'intérêt principal de ce roman. Je n'ai pas été complètement emballée par l'histoire -bien qu'intéressante -, mais, la plume! Poétique, elle transmet l'envie de découvrir ces lieux tant magnifiés, des réflexions justes, un ton sans fioriture... Un auteur que je souhaite relire encore pour tout cela!

La mer noire, Kéthévane Davrichewy


On m'en avait dit beaucoup de bien, de ce récit d'une dame qui fête ces 80 ans et en profite pour revisiter ses souvenirs d'enfance, de la Géorgie où elle est née à la France où sa famille a fui.
J'ai apprécié la justesse du ton, les sauts dans le temps, la découverte d'un univers qui m'est totalement inconnu (la Géorgie). Je n'en suis pas sortie bouleversée, mais ce roman tout de même se savoure, plein de tendresse pour l'héroïne. Et toutes ces choses qui se cachent derrière des rides.

Flétrissure, Nele Neuhaus


Des nonagénaires assassinés: peu habituel! Pourquoi mettre fin de cette manière à des jours déjà bien entamés?
C'est ce que notre inspecteur va tenter de découvrir, plongeant pour cela dans les tréfonds d'une famille riche et (donc) puissante de Franckfort. Secrets de famille, mensonges et faux-semblants sur fond historique se mêlent pour former une intrigue qui tient la route et qui s'apprécie. On est pris, on veut savoir, d'autant que les policiers sont attachants. Un bon policier, vraiment! Et une couverture très parlante au passage!

Malavita, Tonino Benacquista


Une famille américaine débarque dans un bled français, la question est: pourquoi? Et bien parce que le père n'est autre qu'un mafioso qui a trahi, autant dire que sa peau vaut cher, et qu'à ce prix, mieux vaut se fondre dans l'anonymat le plus profond. Mais quand on a une fille qui attire tous les regards (Belle, ben tiens), un fils qui ne peut s'empêcher de jouer les meneurs et qu'on s'attire comme un aimant les mésaventures, au revoir la discrétion!
Sur des airs burlesques, ce roman drôle et trépidant à la fois m'a vraiment fait bonne impression! Un jour viendra où je lirai "Malavita, encore"!

Le lent sourire, Caterina Bonvecini


D'un côté, une jeune trentenaire dont la meilleure amie est atteinte d'une maladie incurable.
De l'autre, un homme âgé dont la jeune compagne (la trentaine), est atteinte d'une maladie incurable.

Deux personnalités face à une douleur semblable, celle de se retrouver seuls, celle de ne pouvoir partager ce dernier souffle avec leurs aimés.
Deux aspects d'un traumatisme, très différents, qui rendent ce roman magnifique, très triste, disons-le, sans sombrer dans le pathos ou les clichés.
J'ai particulièrement été séduite par le personnage de Clara, sa simplicité, alors que Ben est un homme exécrable et hautain... mais ces différences servent le roman. Très beau ... mais préparez les mouchoirs

Les souvenirs, David Foenkinos


Je suis une inconditionnelle de Foenkinos, même si avec le temps l'engouement s'apaise. Son dernier roman, dédié à un grand-père auquel il regrette de n'avoir pas dit qu'il l'aimait, narre dans une semi-autofiction les boires et déboires amoureux d'un trentenaire en mal d'inspiration, ses relations familiales (une grand-mère que l'on "place" en maison de repos, des parents qui se déchirent), le tout scandé par un souvenir de chaque personne croisée.

Autant j'aime ces souvenirs parsemés, autant l'aspect autofictionnel m'agaçe légèrement. Un brin d'apitoiement sur son sort m'a agacée... donc même si j'ai lu le récit avec plaisir, je ne parlerai pas de coup de coeur cette fois, d'autant qu'ayant lu presque tous ses romans, je commence à me lasser du style et des thèmes redondants. Lad déception n'est pas totale, mais... j'attendais mieux, David!!

Hanif Kureishi: Black Album et Le Bouddha de banlieue


Conseillés par une amie, j'ai lu ces deux romans avec plaisir, sans toutefois parler de coups de coeur. Dans les deux cas, l'histoire d'un jeune homme d'origine pakistanaise élevé dans la banlieue londonnienne, et une foule de réflexions très actuelles.

Dans Le Bouddha de banlieue, le garçon rentre dans une phase de perte d'idéalisme, notamment vis à vis de son père tant aimé qui quitte mère et enfants pour vivre avec une dame portée sur le zen. Perte d'idéalisme et recherche d'identité amoureuse, cela fait beaucoup à la fois quand en plus on est considéré comme un "paki" sans avoir jamais mis les pieds dans ce pays...

Dans Black Album, le jeune homme étudie à l'université, et au fil des rencontres, se perd. Entre les "amis" musulmans extrémistes, des amours adultères avec une prof et un frère envahissant, le héros vascille et dérive, top désire"ux de "prouver des choses".

L'entrée dans l'âge adulte, les relations humaines, les convictions, l'extrémisme religieux, le racisme, la confiance, la foi... autant de thèmes abordés de manière très juste... et donc complexe!