lundi 10 octobre 2011
Enterrez-moi sous le carrelage, Pavel Sanaiev, 10-18
Sacha, 9 ans, a été "enlevé" à sa mère par une grand-mère possessive lorsqu'il avait 4 ans. Depuis, il partage le quotidien de cette grand-mère folle dingue et d'un grand-père dépité qui ne cesse de regretter son mariage et de fuir son abominable femme, Nina Antonovna.
Sous le prétexte que Sacha est malade et nécessite des soins particuliers, elle l'emmène de médecins en spécialistes et de cures en obligation de rester à la maison. Sacha ne connaît rien de la vie d'enfant, va rarement à l'école, et, terrorisé par sa grand-mère, il en vient même à insulter sa mère qu'il aime par peur des réprimandes et des insultes que celle-ci lui inflige au quotidien.
Haut en couleurs, parfois très drôle bien que dramatique, ce roman déniché à la bibliothèque de Brookline m'a fait passer un bon moment. Un récit que je verrais très bien joué en film, tant les personnages sont charismatiques! Sympathique découverte!
Le Monde selon Garp, John Irving, Points
Un cadeau de France comme je les aime! Et un très chouette cadeau.
Le monde selon Garp, c'est d'abord l'histoire de Jenny, une demoiselle qui n'a que faire des hommes, et qui décide d'avoir un bébé toute seule (ou presque). Il s'appellera Garp.
Garp grandit au sein d'une école dans laquelle sa maman est infirmière. Il y découvre le plaisir de la lutte (le sport) et y décide de devenir écrivain afin d'avoir la chance d'épouser un jour la fille dont il est amoureux.
Il écrira, il épousera sa bien-aimée, il aura des enfants... la vie suivra son cours, bonheurs et malheurs, et toujours sa mère qui devient une emblème du mouvement féministe.
Ce roman est en filigrane une critique de la mentalité US et du féminisme, un questionnement sur la fidélité, la paternité et toutes les angoisses qu'elle engendre...
Un très bon roman, rempli d'humour (cynique?) et de vérités. A recommander! ...et merci!
Diderot le génie débraillé, Sophie Chauveau, Folio
Trouvé dans les occasions en français du Harvard Bookstore, je l'ai acheté parce que j'avais déjà lu et apprécié la biographie romancée de De Vinci, écrite par le même auteur.
Cette fois, rencontre avec Diderot, des années adolescentes à sa mort. Un personnage dont on connaît l'importance au sein de l'Encyclopédie et les oeuvres (surtout quand on est romaniste et qu'on a passé 5 mois à l'étudier). Toutefois la prof laissait à désirer, j'ai appris de nombreuses choses sur le compte de Diderot (même si bien sûr Sophie Chauveau laisse aussi la place à l'imagination).
Très intéressant, donc, mais long et répétitif par instants... Cela dit, une auteur qui vaut la peine!
Ce qui a dévoré nos coeurs, Louise Erdrich, LGF
Une dame, lors d'un travail qui l'amène à recenser l'héritage matériel d'une famille, trouve un tambour dans la maison. Spécialiste de l'art indien, elle reconnaît immédiatement la valeur de celui-ci. Et le lecteur plonge alors dans l'histoire de cet objet ancestral.
Si ce récit est totalement envoutant et intéressant (histoire familiale d'une famille indienne qui connut de nombreux rebondissements), l'entrée dans le récit et les passages qui suivent notre contemporaine sont longs et agaçants. Difficile de s'attacher à ce personnage.
Bilan en demi-teinte, donc, à cause de ce début longuet, tandis que le coeur du livre se dévore!
mardi 9 août 2011
L'histoire de l'amour, Nicole Krauss, Folio
Le titre sent la guimauve, et pourtant il n'en est rien. Ce roman est une merveille!
L'histoire suit trois personnages: Leo Gursky, un vieillard bien conscient de la proximité de sa mort, qui voudrait rencontrer son fils, qui ignore son existence; Alma, adolescente orpheline de père qui voudrait tant que sa mère soit heureuse, qui voudrait taht pouvoir conserver les ténus souvenir qu'elle a de son père; Zvit Litvinoff, qui tente de se remémorer le passé...
Tous ont en commun des racines juives, et tous connaissent le roman intitulé "L'histoire de l'amour". C'est d'ailleurs ce roman qui va nous permettre de découvrir toutes ces "âmes" égarées, et de créer des liens.
Ce livre est un livre sur le pouvoir des livres! Qui ausculte les thèmes de la mémoire, du deuil, de l'amour (fou), de la solitude... des personnages plus qu'attachants (je pense égalemrnt à Bird, le frère d'Alma!), une fin magnifique... bref, on ne se remet pas si vite de cette lecture. Une merveille.
mardi 2 août 2011
Mes incontournables
Petit topo des romans que je conseille avidement, lus dans les deux dernières années:
Des auteurs:
Les romans de JM Erre, pour leur humour, leur originalité, les anti-clichés,...
Les romans de Foenkinos, pour leur poésie et leur simplicité. Avec la meilleure note accordée à La délicatesse.
Les romans de Jonathan Coe, à la psychologie maîtrisée et à l'humour grinçant.
Les romans de Tracy Chevalier, historiques romancés.
Des titres:
... belges: Leurs vies éclatantes, de Grégoire Polet; Le voyage de Luca, de JL Outers.
Les incontournables Piliers de la Terre de Ken Follett.
Les classiques Jane Eyre de Charlotte Brontë et Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee.
Les nordiques Rosa Candida (Olafsdottir), Chaussures italiennes (Mankell), L'art de pleurer en choeur (Jepsen) et Beatles (Christensen).
Les américains C'est ici que l'on se quitte (J. Tropper) et Le destin miraculeux d'Edgar Mint (B. Udall).
Et bien sûr, toutes les versions d'Antigone ou du mythe d'Oedipe :-)
Des auteurs:
Les romans de JM Erre, pour leur humour, leur originalité, les anti-clichés,...
Les romans de Foenkinos, pour leur poésie et leur simplicité. Avec la meilleure note accordée à La délicatesse.
Les romans de Jonathan Coe, à la psychologie maîtrisée et à l'humour grinçant.
Les romans de Tracy Chevalier, historiques romancés.
Des titres:
... belges: Leurs vies éclatantes, de Grégoire Polet; Le voyage de Luca, de JL Outers.
Les incontournables Piliers de la Terre de Ken Follett.
Les classiques Jane Eyre de Charlotte Brontë et Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee.
Les nordiques Rosa Candida (Olafsdottir), Chaussures italiennes (Mankell), L'art de pleurer en choeur (Jepsen) et Beatles (Christensen).
Les américains C'est ici que l'on se quitte (J. Tropper) et Le destin miraculeux d'Edgar Mint (B. Udall).
Et bien sûr, toutes les versions d'Antigone ou du mythe d'Oedipe :-)
L'ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon, LGF
Daniel Sempere, 10 ans, orphelin de mère, est un jour amené par son père à choisir un livre parmi les dédales du "Cimetière des Livres Oubliés". Il choisira "L'ombre du vent", d'un certain Julián Carax: un véritable coup de foudre! Devenu un sympathique adolescent rêveur, Daniel va partir sur les traces de son auteur fétiche afin d'élucider tous les mystères qui l'entourent... jusqu'à mettre sa vie en péril. Amours et haines, mystères et suspense... tout est là pour nous faire tourner les pages et ne pas lâcher le récit. J'admets. J'avais très envie d'aimer ce livre, offert par ma merveilleuse collègue qui l'avait aimé, et pourtant...
J'ai trouvé le style trop surjoué, ampoulé: en effet, l'auteur accumule les métaphores poétiques à faire pleurer les violons, pêche son vocabulaire dans "le dictionnaire des mots oubliés", fait de l'humour parfois (pas très bon à mon goût)et surtout, il ne cesse de créer des situations invraisemblables... Pourquoi Daniel se met-il sur les traces de Carax avec tant de persévérance? Pourquoi lui suffit-il de parler deux secondes à un inconnu pour que celui-ci lui déballe sa vie entière jusque dans les moindres recoins?
J'ai même eu l'impression de lire un script pour feuilleton de l'été français au moment de certaines révélations... et puis la fin...
Bref, je suis désolée Mo, si j'ai vraiment été prise au jeu, je ne peux pourtant pas dire que j'ai aimé: trop de clichés à mon goût. :S
Le fait de lire du Erre simultanément n'a probablement pas aidé Zafon...
mercredi 27 juillet 2011
Le destin miraculeux d'Edgar Mint, Brady Udall, 10/18
Edgar est le fils d'une Indienne alcoolique et d'un Blanc qui s'est enfui dès l'annonce de la grossesse. Lorsqu'un facteur roule sur sa tête alors qu'il n'a que 7 ans, Edgar survit miraculeusement et passes de longs mois en convalescence à l'hopital, sans aucune visite extérieure. Toutefois, les liens qu'il va nouer avec d'autres malades et avec le médecin qui l'a sauvé lui apportent un semblant d'amitié.
Mais voilà, Edgar est guéri et il doit partir pour affronter la vie: le pensionnat et ses cruels pensionnaires marque la première étape de celle-ci.
Quel destin est-on amené à vivre quand on est un miraculé?
Ce roman est vraiment très bon. L'histoire est cruelle et tendre, le style intelligent, avec des changements de points de vue subtils. On s'attache totalement à ce cher Edgar et son amie la machine à écrire. Une vraie bonne histoire à dévorer!!!
vendredi 22 juillet 2011
Même les cow-girls ont du vague à l'âme, Tom Robbins, Gallmeister Totem
L'héroïne du roman, Sissy Hankshaw, est née avec deux énormes pouces! Loin de s'en plaindre, elle décide de devenir la plus grande auto-stoppeuse des Etats-Unis. Sur la route, elle va rencontrer divers personnages hauts en couleur: la Comtesse, un riche industiel en déodorants féminins; Julian, un artiste indien qui sera un temps son mari; le Dr Robbins, psychiatre farfelu. Et surtout, la troupe des cow-girls du ranch de la Rose de Caoutchouc, ainsi que leur protecteur, le Chinetoque!
De réflexions philosophioques en critiques de la société américaine, le tout constamment enveloppé d'ironie, ce roman m'a emballé... au début. Puis l'auteur part en tous sens, l'héroïne est fade et transparente, on se perd, on s'ennuye. De temps en temps la plume ou une réflexion de l'auteur (anti-normalité) nous réveille, mais....
Le coup de coeur auquel je m'attendais ne le fut finalement pas... Dommage!
dimanche 10 juillet 2011
Expiation, Ian McEwan, Folio
Briony, 13 ans, rêve de devenir écrivain. Son esprit est fait d'imagination et de curiosité. Quand elle aperçoit sa soeur Cecilia se disputer avec Robbie, le fils d'une employée de maison, sa naïveté et son imaginaire vont faire basculer cette journée en un drame aux conséquences désastreuses.
Il est indéniable que Mc Ewan est talentueux: son style est parfait, la psychologie des personnages aussi. La multiplication des points de vue sur l'intrigue enrichit cette dernière. La première et troisième parties sont agréables à la lecture.
Et pourtant j'avoue avoir eu un peu de mal. L'auteur prend peut-être trop son temps à mon goût? Ainsi, la deuxième partie m'a semblée looongue, et j'ai perçu l'épilogue comme étant trop "cliché", un peu "neu-neu" même. Ce n'est pas un inoubliable, donc. Et pourtant il a été élu meilleur livre de l'année 2001 et a été repris dans les 100 meilleurs romans de tous les temps d'après le Time... il a égalemnt été adapté sur grand écran sous le titre Reviens-moi. A voir!?
samedi 2 juillet 2011
La théorie des nuages, Stéphane Audeguy, Folio
Akira Kumo, couturier japonais exilé depuis longtemps en France, est un collectionneur gourmand. Sa dernière collection: les livres qui concernent les nuages... Pour ranger sa bibliothèque, il engage Virginie Latour, qui va avant tout devenir une oreille attentive aux récits d'Akira... récits concernant ces "chasseurs de nuages": le Quaker Luke Howard, le peintre Carmichael, et surtout, Richard Abercrombie et son mystérieux protocole...
L'idée est sympathique, les récits intercalés sont intéressants (concernant la météorologie avant tout), une bonne psychologie des personnages, mais.... long, trop long parfois, trop de détails qui me donnaient l'impression qu'Audeguy voulait faire preuve d'érudition avant tout, le tout dans un style trop sec. Et puis des passages qui personnellement me dérangent...
Bref, même s'il y a un aspect documentaire édifiant et des récits prenants, j'étais contente d'en avoir fini pour passer à autre chose, et je ne pense pas me pencher sur Audeguy à l'avenir...
dimanche 26 juin 2011
C'est ici que l'on se quitte, Jonathan Tropper, 10/18
Morton Foxman est mort. Sa dernière volonté: que femme et enfants célèbrent la Shiv'ah. Voici donc Madame Foxman et ses quatre enfants réunis pendant une semaine sous le toit de la maison familiale. Wendy est accompagnée de son businessman de mari etde leurs trois jeunes enfants; Paul de sa femme Alice, qui tente désespérement d'avoir un enfant; Judd, seul, est en pleine dépression après avoir surpris sa femme au lit avec son patron (à lui); quant au "petit dernier", Philipp, mâitre de l'inconstance, il débarque accompagné de sa nouvelle recrue.
Des souvenirs, des règlements de compte, des retrouvailles, des situations foireuses, ce roman est un vrai cocktail explosif, rempli de cynisme et d'humour (noir). Et l'on va de surprises en surprises, puisqu'après tout, on connait bien mal les gens qui nous entourent!
Un très chouette roman, un auteur US à découvrir!!!
(NB: interdit aux moins de 16 ans!)
jeudi 23 juin 2011
Bienvenue au club, Jonathan Coe, Folio
Mes lectures se suivent et se ressemblent un peu: quatre ados norvégiens, puis un type anglais, et maintenant des ados anglais! Cette fois, du ressort de Jonathan Coe, déjà fortement apprécié depuis les aventures de Mr. Sim (ainsi que La pluie, avant qu'elle tombe, beau roman mais pas un coup de coeur).
Ici, Coe nous invite dans le Birmingham des années septante. Nous découvrons une société où se mêlent révoltes des syndicats et violences de l'IRA. Le tout, à travers la vie de la famille Tropper: Lois, l'ainée aux rêves romantiques, Benjamin, l'apprenti écrivain timide si attachant, et Paul, l'horrible petit dernier mêle tout et manipulateur. Nous suivons aussi les amis de Benjamin (Philip, Doug, Sean, Steeve "Banania"), les parents de ceux-ci (loin d'être des anges...), et les filles qui les rendent fous (Claire, Ciceley, Emily).
Le grand talent de Coe réside dans son art de mêler différents types de récits. Nous passons d'un narrateur omniscient à une lettre, un journal intime, un discours, un article du journal de l'école (drôlissimes!), ... Chaque fois, la forme appuye le fond.
Le ton peut ainsi être sérieux, naïf, drôle... très drôle parfois! Je pense aux passages qui mettent en scène le professeur de dessin et Barbara... aux règlements de compte qui s'opèrent au sein du journal de l'école, aux fausses lettres envoyées par Sean...
Bref, on s'attache à ces personnages qui constituent une fresque parfaite, à suivre avec Le cercle fermé, la suite. J'adore Jonathan Coe!
samedi 18 juin 2011
Lennon, David Foenkinos, Plon
Foenkinos s'attaque à la biographie romancée pour nous offrir sa vision du mythe Lennon. Sous forme de séances chez le psy, nous nous retrouvons dans la peau de John, à la fin des années 70. De manère chronologique, on suit la difficile enfance du narrateur, la fascination maternelle, la création d'un groupe, la rencontre du petit Paul, les débuts sur des scènes provinciales, puis le vertige, les tournées, les femmes, Yoko, les amis, les tensions dans le groupe.
Le personnage n'est pas forcément attachant, mégalomane perverti à ses heures, et pourtant on ne peut s'empêcher de le soutenir!
Moi qui connais bien peu les Beatles, ça m'a permis d'en apprendre davantage. Le tout dans la veine de Foenkinos(et donc: j'adhère!) Exemples:
"Tous les écrivains portent des lunettes, et on croit que c'est parce qu'ils lisent beaucoup. Je suis convaincu du contraire. C'est parce qu'ils ne voient rien qu'ils développent les capacités nécessaires à l'écriture".
"Mais qu'y avait-il à dire? Il n'y avait pas de mot. J'avais rangé tous les dictionnaires pour être libre d'aimer."
mercredi 15 juin 2011
Beatles, LS Christensen, 10/18
Quatre garçons de quinze ans, quatre amis norvégiens, quatre fans des "garçons dans le vent". Il y a Kim, le narrateur, Gunnar, Ola et Seb. On les suit dans la Norvège des années 65 à 71, dans les périples de leur adolescence: le foot, l'école, les vacances, les parents, les filles, les soirées, l'alcool, les filles, la drogue, l'école, les voyages, les tendances marxistes, les manif', les filles, le mal-être, les surprises, bonnes ou mauvaises, de la vie. Et toujours, les Beatles (chaque chapitre porte le titre d'une de leur chanson, en phase avec l'état d'esprit), et l'amitié.
C'est une petite brique, mais une bien bonne brique, au style variant avec les âges et les questionnements. On rit, on a peur, on vibre, on s'interroge avec ceux qui auraient pu être nos pères. On a la nostalgie d'une époque qu'on n'a pas connue mais dont on a tant entendu parler. On découvre un pays, aussi.
et surtout, on se dit: que deviendrons-nous, et que deviendrons les gens que l'on côtoie, dans ces aléas? Vivement recommandé à tous ceux qui aiment les récits initiatiques et à tous les nostalgiques!
mardi 7 juin 2011
Manuel de chasse et de pêche à l'usage des filles, Melissa Bank, Rivages
Jane travaille dans le milieu de l'édition, et raconte quelques séquences de sa vie à travers un regard rempli d'autodérision. Elle évoque sa famille, ses amies, mais ce sont surtout les hommes qui occupent ses lignes... Archie, de 28 ans son aîné, et les autres... et enfin THE man, celui dont elle espère qu'elle peut le mériter. Mais là intervient un problème: jane s'est mise à la lecture du livre "Comment rencontrer l'homme idéal et l'épouser?"... et étant prête à tout par amour pour Robert, elle va mettre les conseils en pratique... Résussite ou échec?
Drôle, prenant, intéressant et pas stupide du tout, un très bon moment de détente, certes très féminin! :-)
mercredi 1 juin 2011
Eleven, Mark Watson, Albin Michel
Xavier anime chaque nuit une émission radiophonique à succès londonienne. A l'écoute des maux des auditeurs au boulot, il vit pourtant volontairement en solitaire le jour. Jusqu'à l'arrivée d'une femme de ménage rencontrée lors... d'un speed dating. Cette Pipa va faire rebondir le quotidien de notre protagoniste au passé intriguant...
Nous suivons dans le même temps 10 personnes dont la vie bascule tout à coup à cause d'une action (ou non-action) de Xavier. L'effet papillon dans toute sa splendeur!
Aussi drôle que douloureux, ce roman est très agréable à lire.
dimanche 1 mai 2011
Petit essai assassin sur la vie conjugale, Kyra Dupont Troubetzkoy, Luce Wilquin
Marie, 35 ans, épouse de Paul. Enceinte. Marie n’a pas sa langue dans sa poche, et ratisse pour nous tous les défauts (et les quelques qualités) de nos hommes e des situations qu’une femme rencontre généralement dans sa vie. L’accouchement (et tout ce qui va avec), la gestion du ménage, les vacances, les repas entre amis, les belle-familles. Tout ce qui pimente nos vies sans qu’on sache finalement pourquoi… Mais en fait, si, les femmes savent pourquoi !
Drôle, piquant, on s’y retrouve toutes !!!
Les mains rouges, J.C. Grondhal, Folio
Le narrateur, la vingtaine, travaille à la consigne d’une gare danoise en tant qu’étudiant. Il y rencontre une jeune fille énigmatique qui lui demande de garder les clés de son casier pendant quelques jours. Quand elle revient, elle lui demande un logement "pour quelques temps". Ce délai passé, elle disparaît.
Quinze ans plus tard, ils se croisent. L’anecdote devient alors l’histoire d’une vie, histoire qui se mêle à l’Histoire. Nous découvrons le passé de cette jeune femme qui a courtisé – sans le vouloir ?- avec les groupes armés communistes dans l’Allemagne des années 70.
Bien écrit, comportant des questions intéressantes, ce roman ne restera cependant pas longtemps dans ma mémoire. Mais auteur à lire dans d’autres récits, je pense.
Tous les trois, Gaël Brunet, La Brune
Un premier roman magnifique. Et pourtant, quel sujet tragique : le narrateur vient de perdre son épouse. Un accident de voiture fait ainsi de lui un veuf et un père bien seul pour affronter les questions et le quotidien avec ses petits Jean et Louise (4 et 3 ans). Mais c’est sans pathos, en simplicité – et émotion, inévitablement – que ce texte est écrit. Et nous nous attachons à ce père et à ses enfants, dont la naïveté rend la vie parfois plus légère, parfois plus cruelle. Un père qui a décidé qu’il ne restait que le meilleur à vivre, puisque le pire, il est derrière eux.
Très beau !
Un jour, Morris Gleitzman, Les Grandes Personnes
Attention petit chef d’œuvre!!! Destiné à un public adolescent, ce roman convient tout autant aux adultes…
Félix a dix ans et vit dans un orphelinat catholique(il est juif) en ces années de guerre en Pologne. Il attend avec impatience que ses parents libraires reviennent le chercher, mais chut, les autres enfants ignorent que ses parents à lui sont vivants.
Toutefois, la patience de Félix prend fin le fameux jour de la carotte : il y voit un signe, c’est à lui d’aller à la rencontre de ses parents. Félix fuit et s’aventure alors dans la Pologne nazie, ignorant tout de la situation réelle, mais prêt à tout pour retrouver ses parents adorés. Le chemin de la prise de conscience commence, et sur celui-ci des rencontres cruciales.
On ne peut s’empêcher de songer au film « La vie est belle » en lisant ces pages tout à tour drôles et très émouvantes. Sourire aux lèvres et cœur très serré garantis ! Une merveille !
Berlin sous la Baltique, Hugo Hamilton, Phébus libretto
Texte étrange que j’ai découvert là, un texte que j'aime mais très discret.
C'est le récit d’Helen, jeune irlandaise qui débarque à Berlin pour tenter de retrouver celui qui sera le père de l’enfant qu’elle porte. Et qui l’ignore. Helen va être accueillie par un couple peu commun: l’homme est musicien, la femme son imprésario… une de ces femmes qui impose et s’impose, occasionnant de fréquentes et cinglantes disputes! C’est ainsi que la narrateur, éclairagiste et ami du musicien, rencontre sa compatriote irlandaise. L’apprécie. L’aide… un peu. Car tant qu’on ne retrouve pas le père, il pourra se porter garant du bien-être de la jeune fille, qu’il accueille finalement chez lui, pour finalement dormir dans le même lit.
Le style est fin, beau. De très belles réflexions nous sont offertes. Il manque peut-être toutefois un petit quelque chose à cette histoire, un peu d'énergie? Mais je relirai du Hugo Hamilton, qui a le sens dela formule.
Et retiendrai que « contre l’imagination, point de loi ».
Une chance sur un million, Durán et Giner Bou, Dargaud
Le scénario: un couple qui accueille son premier enfant. Mais quelques heures à peine après sa naissance, la petite a des convulsions. Des déficiences cérébrales graves sont repérées. C’est un parcours du combattant dans lequel s'engagent alors les parents : angoisses, interrogations quant à l’avenir, découragement… mais tant d’amour, aussi. Plus encore ?
Cette BD est magnifique, et même si je n’adore pas le graphisme, il est parfait pour rendre les états d’esprit des parents, « liquéfiés » ou totalement noircis selon les phases. Quelle force!
Célibataires, David Foenkinos, Flammarion
Je mentionne juste au passage que j’ai lu cette pièce de théâtre de Foenkinos : deux célibataires, un homme et une femme, collègues dans une agence matrimoniale. Quand les clients brillent par leur absence, ils se mettent à évoquer leurs amours… réciproques ?
Et comme (trop ?) souvent chez Foenkinos : les débuts amoureux sont merveilleux… et les suites (et fins) truffées de difficultés !
Non mémorable.
Entre Dieu et moi, c’est fini, Katarina Mazetti, Babel
Je découvre l’auteur avec ce roman (non, je n’ai pas lu Le mec de la tombe d’à côté), chronique d’une année avec Linnéa, ado suédoise qui a du fil à retordre avec sa grande taille, les garçons qu’elle aime qui ne la regardent pas, celui qu’elle n’aime pas qui la regarde, et surtout, surtout, avec Pia.
Pia, sa meilleure amie, celle en qui elle avait confiance, celle qui la rassurait, celle qui faisait tomber tous les garçons à ses pieds. Celle qui est morte. Et ça, Linnéa n’est pas encore prête à lui pardonner.
Joli texte, sensible. Car si on ressent les révoltes et les idées parfois idiotes des ados, on a ici affaire à une demoiselle qui adore son petit frère avec qui elle veut vivre toute sa vie, qui aime sa mère et sa grand-mère. Le père, on repassera, mais c’est de sa faute à lui.
Et ça fait du bien, les bons sentiments... C’est à la fois léger et dur. Parfait pour les ados, et nous !
La septième vague, Daniel Glattauer, Grasset
Après Quand souffle le vent du Nord, des lecteurs étaient restés sur leur faim. Glattauer a donc remis le couvert, pour permettre à Léo et Emmy de se retrouver face à leurs ordinateurs respectifs. Lui revient de quelques mois passés à Boston, où il a rencontré une certaine « Pam ». Elle est toujours dans une situation monotone avec son mari. Alors, vont-ils enfin se rencontrer ?
Si les premiers échanges ne permettent guère l’enthousiasme, nous sommes tout de même vite repris par le jeu verbal subtil des protagonistes, qui enfin vont se voir (je ne révèle pas grand chose en le disant).
Ce roman se lit toujours avec plaisir, mais il n’a bien sûr plus le goût de la découverte du premier volet, qui selon moi était satisfaisant (pour une fois que tout ne se finissait pas dans un monde de Bisounours !)
Ne t’inquiète pas pour moi, Alice Kuipers, LGF
Un mini roman qui se lit si vite, comme ces post-it collés sur un frigo que s’échangent une mère et sa fille, dont les vies mutuelles ne permettent guère la rencontre. C’est par ces échanges que nous découvrons des bribes de leur existence, et que Claire, 15 ans, apprend la maladie de sa maman.
Les petits papiers, s’ils paraissent impersonnels, vont pourtant se révéler être d’une extrême importance, puisqu’ils permettent à la mère et la fille de poser des questions qu’elles n’oseraient oralement. Ce qui leur offrira la chance de mieux se connaître, dans les méandres du cancer du sein.
Si simple, si vite lu, et pourtant très intense !
Métamorphose en bord de ciel, Mathias Malzieu, Flammarion
Tom « Hématome » Cloudman, depuis sa plus tendre enfance, rêve de voler. Il se soumet ainsi inévitablement à un nombre incalculable de chutes, jusqu’à en faire son métier. De village en village, accompagné de son cercueil à roulettes, il multiplie les acrobaties, sans craindre les blessures.
Mais voici que, lors d’un passage à l’hôpital, on lui détecte une « betterave » dans le corps. De quoi le clouer au lit. Tom va devoir multiplier les ruses pour inspirer un bol de liberté. Ainsi se retrouve-t-il un soir sur le toit de l’hôpital, face à une splendide « femmoiselle » qui lui propose une métamorphose en oiseau pour sauver sa vie, au péril de la vie humaine.
Une parabole de la maladie remplie de métaphores, de créativité et de charme. On entre ou pas dans l’univers du chanteur de Dionysos. Je m’y suis faufilée avec entrain ! Avec pour ambition de lire ses autres romans, tant cet univers à la Tim Burton diffère dans le champ littéraire.
Incendie, film de Denis Villeneuve
Des jumeaux, garçon et fille, assistent chez le notaire à l’ouverture des lettres que leur mère leur a écrites juste avant sa mort. Elle y demande, à sa fille, de retrouver son père. A son fils, de retrouver son frère. Le premier, ils le pensaient mort. Le deuxième, ils en ignoraient l’existence.
Voici nos deux Québécois en chemin vers les terres palestiniennes pour y découvrir, en plus d’un lourd secret, la vie de leur mère. Celle dont, en fait, ils ignoraient tout, celle qui vécut avant leur naissance.
Inspiré de la pièce de théâtre éponyme, ce film est une merveille. Accompagné par une BO de Radiohead qui, dès les premières secondes, vous embobine (You and Whose Army). Un coup de cœur, on en tremble.
mercredi 27 avril 2011
Chevalier de l'ordre du mérite, Sylvie Testud, Fayard
Le nouveau roman de Sylvie Testud est arrivé ! Parce qu’en effet, c’est son quatrième, tout de même. Un style qui mérite d’être découvert, entre autodérision, cynisme et réalisme.
L’héroïne, Sibylle, « bourreau de travail », est à la recherche d’une femme de ménage parfaite (aussi méticuleuse qu’elle) pour sauver l’harmonie de son couple (comprenez : un homme qui laisse traîner se affaires de sport dans le hall d’entrée ou frotte l’évier avec le mauvais côté du chiffon, c’est psychologiquement insupportable et physiquement éreintant : il faut tout refaire à sa suite !) Que faire quand elle découvre LA perle, mais que celle-ci n’a pas de papiers ? Pour vivre éthiquement correctement, jusqu’où Sibylle est-elle prête à aller ?
Drôle, comme ses autres romans, Chevalier de l’ordre du mérite n’est pourtant pas mon préféré, certains passages méritent d’être passés ; je conseillerais davantage Il n’y a pas d’étoiles ce soir, qui la met directement en scène. Mais un bon moment tout de même.
dimanche 27 mars 2011
Bernard, David Foenkinos, Les éditions du moteur
Je continue avec Foenkinos, encore (objectif : tout lire de lui !), avec ce mini récit qui relate les malheurs de Bernard, cinquantenaire qui va « voir ailleurs » pour rompre la monotonie de son couple. Mais voilà que la maîtresse exige davantage, met l’épouse au courant. Epouse qui pardonne (psychologue…). Mais la maîtresse est au courant des manigances financières de Bernard, les dévoile : C4 et divorce s’enchaînent, et voilà Bernard contraint de retourner vivre chez ses parents… De désespoir en prise de conscience, l’avenir sera finalement positif pour Bernard. Trop?
Un petit Foenkinos sympa, mais rien d’excellentissime (dur dur, quand on a lu la Délicatesse…)
Arthur et moi, Emmanuel Arnaud, Métaillé
Poésie, poésie ! Un roman dans lequel un ado se transforme grâce à la plume de Rimbaud, ça a tout pour plaire à une romaniste… vraiment ?
Voici donc une tranche de vie d’un ado qui, au hasard de ses lectures, va découvrir Rimbaud, être subjugué par ses Illuminations, va même comprendre -du moins ressentir- ce que le poète exprime (on l’envie !) Etre bouleversé. Il s’aperçoit que partout, si on le désire, il y a la beauté.
Désormais, il se sent forcément différent des autres ados de son âge, et va se révéler au cours de français, lorsque chaque élève doit apprendre par cœur un poème d’Arthur. Notre lycéen connaît déjà tout sur le bout du cœur, et va s’illustrer en « traduisant » en version moderne le poème H, puis les autres, de manière à permettre à ses condisciples de comprendre eux aussi la quintessence des poésies de Rimbaud…
L’idée est sympa. Un peu poussée, et sans trop de consistance alentour. Du chocolat au lait sans prétention.
mardi 22 février 2011
Les chaussures italiennes, H. Mankell, Points
Je n’avais jamais lu du Mankell, même pas en policier. Je le découvre avec ce roman dont on avait tant fait l’éloge lors de sa parution au Seuil. Je suis ravie !
Ces pages nous emmènent sur un ilot suédois paumé, habité depuis 12 ans par un type paumé, complètement solitaire. Mais un jour, déambulateur à l’appui, surgit Harriett, son grand amour de jeunesse qu’il a un jour quitté sans prévenir, fuyant des sentiments qui font peur.
Harriett n’a qu’une volonté : voir un lac dont il lui avait parlé. Prétexte, bien sûr, à d’autres découvertes. Celle des contacts humains qu’il avait oubliés, celle de l’envie de vivre qui l’avait presque quitté… et bien d’autres « choses » qu’il vaut mieux taire.
C’est fort, surprenant, et quels paysages en filigrane… Délice glacé !
lundi 14 février 2011
Little Big Bang, Benny Barbash, éd. Zulma
Le papa du narrateur veut perdre du poids: le régime pomme, le régime concombre, tout y passe, mais les kilos ne disparaissent pas… En désespoir de cause, il tente le régime « olives » conseillé par une célèbre nutritionniste.
Oui, mais voilà que pousse un olivier dans l’oreille du Juif….
Un style particulièrement ironique, une double lecture du texte (judaïsme, Israël/Palestine), des discussions virulentes (à qui aura raison) entre les différents membres de la famille… Convaincue !!
Un auteur (et des éditions, cf. Rosa Candida) à découvrir !!
dimanche 30 janvier 2011
La vie très privée de Mr. Sim, Jonathan Coe, Gallimard
Ce roman de la rentrée de janvier 2011 est à placer au rang des curiosités à ne pas manquer.
Ciblé sur le banal quadragénaire dépressif qu’est Maxwell Sim, ce roman psychologique se divise en chapitres comprenant chacun un récit intercalé – lettres, nouvelle, étude universitaire – qui joue un rôle prépondérant dans l’évolution de la santé mentale de notre narrateur.
De même, des rencontres inattendues, de celles qui modifient notre vision du monde, vont totalement bouleverser le quotidien de notre vendeur de brosses à dents.
Des questions se posent à répétition : Max est-il si seul quand il est suivi par les satellites via GPS ? Est-il vraiment entouré par 70 amis Facebook ? Notre vie nous appartient-elle ? Qui décide, nous ou les autres ?
Une fin très étonnante (on aime ou pas : c’est comme ça) achève ce récit vraiment intéressant au style très maitrisé (la narration de la course navale en solitaire par Cleaver est exquise).
Mieux que La pluie, avant qu’elle tombe, selon moi, un vrai régal, assortiment de pralines.
Une enfance australienne, Sonya Hartnett, J’ai lu
Adrian, neuf ans, est élevé par sa grand-mère, sa mère étant incapable de l’élever et son père ayant « mieux à faire ». Une grand-mère qui sature, alors que l’enfant est plus que sage.
Timide, surtout, maladivement. Et donc prêt à tout pour quiconque accepte de lui accorder de l’attention. Même à retrouver les enfants disparus là où ils ne sont pas.
La psychologie de l’enfance est très bien relatée dans ce roman. Par contre, est-ce un effet de traduction, le style n’est pas phénoménal, trop concis. Et puis les dernières pages…. Bien douloureuses.
J’ai apprécié, malgré tout. Sans exagération. Un chocolat au lait, avec une note un peu amère.
samedi 1 janvier 2011
La délicatesse, David Foenkinos, Gallimard
Toujours Foenkinos, toujours mieux. La délicatesse appartient désormais au podium de mes lectures.
Une histoire, des histoires d’amour, de rencontres. Et envie de souligner des passages merveilleux à chaque page. Lisez plutôt. En parler ne sert à rien.
« Ils s’assirent. Il y avait cet émerveillement réel entre eux, celui du plaisir physique. Quelque chose qui était le merveilleux des contes, des instants volés à la perfection. Des minutes que l’on grave dans sa mémoire au moment même où on les vit. Des secondes qui sont notre future nostalgie. »
Et puis cet extrait tiré de La Marelle (Cortázar), qui est un ravissement, si délicatement posé à l’endroit parfait de l’histoire :
« Je touche tes lèvres, je touche d'un doigt le bord de tes lèvres, je dessine ta bouche comme si elle naissait de ma main, comme si elle s'entrouvrait pour la première fois, et il me suffit de fermer les yeux pour tout défaire et tout recommencer, je fais naître chaque fois la bouche que je désire, la bouche que ma main choisit et qu'elle dessine sur ton visage, une bouche choisie entre toutes, choisie par moi avec une souveraine liberté pour la dessiner de ma main sur ton visage et qui, par un hasard que je ne cherche pas à comprendre, coïncide exactement avec ta bouche qui sourit sous la bouche que ma main te dessine. »
D’une grande finesse, exquis, raffiné. Belle année…
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